13- L’autorité navale face à la trahison : l’affaire Marc Aubert (1938-1939)

Bernard Hautecloque

En novembre 1938 éclata l’affaire Marc Aubert. Ce jeune officier de marine, par amour pour une prostituée, avait vendu à l’Allemagne les renseignements confidentiels dont il disposait. Contrairement à d’autres célèbres « traitres » de la III° République (Dreyfus, bien sûr, mais aussi Turmel, Frogé etc.), sa culpabilité ne fut jamais mise en doute par personne, à commencer par lui-même. Seconde différence avec la plupart des autres « traitres » démasqués par le contre-espionnage français : Aubert, sans l’excuse de la sympathie idéologique ni celle d’avoir été soumis à un chantage, n’avait trahi que pour gagner de l’argent. Y avoir été poussé par sa maitresse ne lui fut pas compté comme circonstance atténuante ; cela ne fit, au contraire, qu’accentuer son humiliation et sa déchéance. Dégradé, cet officier fut condamné à la peine maximum prévue par la loi : être passé par les armes. Les autorités ne purent ou ne voulurent garder le secret, l’affaire fut relatée dans la presse, mais sans soulever un écho particulier. Bien que beaucoup de détails nous soient perdus, cette affaire de trahison jette un jour particulier sur les agissements des services de renseignement, à la veille de la Seconde Guerre. 

Mots clés. Marc Aubert, trahison, marine de la IIIème République, contre-espionnage. Bernard Hautecloque, Les Cahiers d'AGORA.

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